[By Marguerite]
On le sait, en cette période de crise, la scène culturelle souffre aussi. Mais certain.es ne se désespèrent point, et font de leurs nouvelles contraintes la source vive d’une créativité renouvelée.
J’ai assisté hier, sans sortir de chez moi, à une prouesse technique orchestrée par l’excellente compagnie lyonnaise, la Compagnie Thespis. Et surtout, j’ai été traversée d’un curieux électrochoc. Devant mon ordinateur, casque aux oreilles et petit verre sous la main, j’ai vécu trois scènes qui ont habilement joué avec mes nerfs.
J’ai vécu les ruptures inattendues dans la trame narrative, d’une violence rare, surtout dans la première et la troisième scène. J’ai vécu la dramaturgie de l’absurde, la confiance perdue en l’autre éprouvée par tous les « personnages », qui culmine dans le non-sens du troisième acte et sa fin déchirante, y compris pour les nullipares (je ne peux en dire plus !). J’ai frémi en entendant le rire mécanique, surréaliste, et psychopathiquement distancié de Léa à la fin de la première scène. En maintes reprises, une sensation de malaise m’a submergée.
Les actrices et acteurs excellent dans les rôles d’anti-héros, et au-delà de l’anecdote et du fait divers, plusieurs questions de justice sociale (abus sexuel, homophobie, sexisme, aliénation à la consommation) sont abordées.
La mise en scène de Lysiane Clément et Thaï-Son Richardier est vivante et esthétiquement travaillée (la très belle scène de l’aquarium restera dans ma mémoire), et reflète une façon nouvelle pour le théâtre et le cinéma de dialoguer.
Bref un concept intelligent, parfait pour le confinement, le post-confinement et toutes situations critiques qui empêchent de sortir. Il séduira celles et ceux qui cherchent à échapper aux arcanes d’un quotidien mécanique et qui aspirent à goûter des expériences immersives qui font froid dans le dos (je ne peux en dire plus !).
Bash, comme son nom l’indique, est un objet culturel non identifié qui frappe, qui cogne, au risque de laisser le/la (télé)-spectateur.rice KO. Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à vous laisser abasourdir.
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